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#HistoiresExpatriées - Le système médical au Mexique


C’est le 15 du mois et donc le rendez-vous mensuel de blogueurs #HistoiresExpatriées. Le thème a cette fois-ci été donné par Ferdy, du blog Ferdy Pain d’Epice, qui vit à Edmonton dans la province d’Alberta au Canada et qui nous invite à parler du système médical dans notre pays d’expatriation. En effet, l’approche de la santé, et surtout de son coût et des frais qu’elle induit, varie grandement d’un pays à l’autre.

Au Mexique, le système médical peut se révéler compliqué lorsque l’on est novice et moi-même après deux ans d’expatriation, je ne me considère pas spécialiste de la question. Bien que je sois mariée avec un Mexicain, bien que j’ai dû aller aux urgences à trois reprises et bien que je m’y sois même fait opérer, le système médical mexicain conserve pour moi ses zones d’ombre. Je vais néanmoins tenter d’être le plus clair possible pour vous chers lecteurs.

 

La sécurité sociale mexicaine

Tout d’abord, il existe bel et bien une sécurité sociale au Mexique dénommée IMSS (Instituto Mexicano del Seguro Social). Les personnes qui peuvent en bénéficier sont les celles qui travaillent ainsi que leurs ayant-droits (conjoints qui ne travaillent pas, parents, enfants). Précision mais pas des moindres : la sécurité sociale ne prend en charge que les soins prodigués dans les hôpitaux publics. Afin de bien visualiser les choses, nous pourrions dire que la sécurité sociale mexicaine et les hôpitaux publics font partie d’un grand tout. Ils fonctionnent ensemble et sont indissociables les uns des autres.

Bien qu’il soit positif d’avoir une sécurité sociale dans quelque pays que ce soit, l’IMSS au Mexique présente cependant des limites. En effet, les conditions de prise en charge des patients dans les hôpitaux publics, où les moyens sont limités, peuvent se révéler très bancales et la qualité des soins est loin d’y être optimale. Services surchargés, patients dans les couloirs, chambre de quatre lits, temps d’attente interminables, manque d’hygiène sont des exemples de ce que l’on rencontre dans un hôpital public au Mexique. Les délais de rendez-vous pour des consultations sont par ailleurs très longs. Mais c’est évidemment mieux que rien et même si les patients ne bénéficient pas du meilleur confort, ils ont au moins la garantie d’être pris en charge. En outre, pour ceux qui ne sont pas inscrits à l’IMSS, il existe en dernière instance le « Seguro Popular » que l’on pourrait rapprocher de la CMU (Couverture Maladie Universelle) en France.

 

Hôpitaux privés et assurances privées

L’alternative à l’IMSS est de se tourner vers une structure de soins privée. Pour cela deux possibilités : ou l’on a une assurance de santé privée qui prendra en charge les soins ou l’on peut payer comptant directement de sa poche.

La complexité du système repose sur le large éventail d’assurances qui couvrent les soins à des conditions très variables et les différents « niveaux » des hôpitaux privés. En effet, ces derniers sont classés en fonction de leur niveau d’équipement et à titre d’exemple un hôpital disposant de trois « H » sera plus cher qu’un hôpital ne disposant que d’un « H ». Autant dire que face à la diversité des assurances et des structures de soins privées on a tendance à vite s’y perdre.

Hall de l'hôpital Zambrano Hellion à Monterrey

Par ailleurs, le « deducible » n’est pas le même en fonction de sa couverture. Le « deducible » est le montant à payer de sa poche avant que l’assurance ne prenne le relais, c'est la franchise. Cela peut par exemple représenter 10% du coût total des soins dans la limite de 10 000 MXN (431 €) mais c’est extrêmement changeant d’une couverture à l’autre. Plus notre assurance privée est élaborée et coûteuse, moins le « deducible » est élevé. Il est de plus nécessaire de connaître le plafond de l’assurance, c’est-à-dire jusqu’à quel montant l’assurance va être en mensure de prendre en charge le coût des soins. Là encore, il est variable.

Cela peut s’avérer tellement compliqué qu’il est en fait toujours nécessaire d’appeler l’assureur afin de valider les informations. En cas d’urgence (un accident de la route par exemple), les ambulanciers se dirigent toujours vers l’hôpital le plus proche où les premiers soins sont prodigués mais si l’assurance du dit patient n’y couvre pas les soins, un transfert est alors opéré.

A cet égard, voici une anecdote intéressante mais pour le moins choquante : une personne de ma connaissance m’a confié que lorsque son mari fit une crise cardiaque il y a deux ans il dût être opéré d’urgence. Le secrétariat de l’hôpital l’a informé que son assurance prendrait bien en charge le coût des soins mais s’est finalement rétracté à la dernière minute alors que son mari était en route pour le bloc. Anxieuse pour la vie de son mari et face à l’urgence, elle n’a pas souhaité faire de transfert hospitalier. Résultat : elle et son mari ont aujourd’hui une dette de plus de 5 000 € à rembourser…

 

Le point sur les assurances

Vous l’aurez compris, pousser la porte du système médical au Mexique peut s’apparenter à plonger au cœur de méandres labyrinthiques. Il est vraiment primordial de s’informer sur les assurances, leurs coûts et leurs modalités car on peut bien vite avoir de mauvaises surprises. Il existe des assurances dites de « gastos médicos mayores » c’est-à-dire de dépenses médicales majeures (opérations chirurgicales, longues maladies) et celles dites de « gastos médicos menores » qui se concentrent sur les consultations médicales. Quelques soient les options choisies, si des doutes persistent, il est fortement recommandé de s’adresser à son assureur afin de valider la possibilité de prise en charge. Il est réellement impossible de se faire opérer sans avoir au préalable contacté l’assurance afin de confirmer les modalités de remboursement.

Pour ma part, je ne mâcherais pas mes mots en disant que je trouve tout cela écœurant. Je dispose personnellement d’une assurance de santé privée au Mexique (je ne suis pas à l’IMSS car je ne suis pas employée) mais celle-ci s’est refusée à couvrir les frais de mon opération en mai dernier car je n’avais pas assez d’ancienneté et ma déformation osseuse avait été déclarée comme antécédent médical…Il faut savoir qu’au moment de vous engager avec un assureur, celui-ci vous soumet à un questionnaire médical où mentir peut coûter très cher. En fonction de vos réponses, là encore, le prix de l’assurance va varier. Une assurance médicale coûte plus cher à une personne âgée fumeuse ayant déjà souffert d’un cancer qu’à une jeune personne sportive et n’ayant jamais eu d’affection particulière. Tout est passé au crible : sexe, âge, hygiène de vie, historique médical…Certaines assurances se refusent même à couvrir les frais de santé de personnes ayant déjà eu un cancer à cause du risque de récidive ou si elles acceptent, cela se fait au prix fort.

En définitive, il faut bien garder à l’esprit que ce n’est QUE du business et que votre santé importe peu à votre assureur. Le principe d’une assurance est bien de se faire de l’argent et je dois admettre que tout ceci est fort abject aux yeux de l’infirmière de métier que je suis.

 

Les consultations

Ceux qu’on connaît comme médecins généralistes en Frances sont désignés au Mexique comme « Docteurs de famille » mais il est peu courant d’aller les consulter. Oubliez la visite chez le généraliste qui en fonction de votre problème vous orientera éventuellement vers un spécialiste. Au Mexique, on est un peu livré à soi-même. On se rend chez les spécialistes de son propre chef, sans avoir été adressé. Pour rechercher un docteur, oubliez également la plateforme AMELI. Il faut demander autour de soi, faire des recherches sur internet, visiter les pages d’hôpitaux où apparaissent souvent les curriculums des docteurs, etc…Par ailleurs, très peu de personnes s’engagent à payer une assurance de « gastos médicos menores » (personnellement je n’en n’ai pas) donc toutes les consultations sont à payer de sa poche.

 

Pourquoi je n’ai pas la CFE ?

La CFE, Caisse des Français de l’étranger, est un dispositif qui permet aux Français expatriés de bénéficier d’un système similaire à la sécurité sociale française. Je n’y suis pas affiliée car son coût est trop élevé pour moi et je trouve le système en réalité peu pratique. Le remboursement des soins peut prendre plusieurs mois, ce qui est impensable lorsque l’on doit faire face à des soins d’urgence qui peuvent s’avérer exorbitants. J’ai donc une assurance de santé privée au Mexique qui n’est pas la panacée mais qui peut m’aider à assumer le coût de mes soins en cas d’urgence. Son coût annuel s’élève à environ 600 € par an. Elle n’a pas couvert les frais de ma chirurgie en mai dernier (laboratoire, opération, rééducation, traitement) et à titre d’exemple, rien que la chirurgie s’est élevée à 30 000 MXN soit 1300 €. Dans la mesure où je ne pouvais presque plus me chausser, cette opération m’était indispensable…

 

Le rapport aux soignants

Je n’ai personnellement pas noté de différence particulière avec la France. Je dirais que comme partout il y a de bons docteurs et de moins bons docteurs, de bons infirmiers et de moins bons infirmiers comme il y a de bons charpentiers et de moins bons charpentiers. Il est néanmoins évident qu’en structure privée les soins sont plus personnalisés et pour cause, vous êtes client, vous payez. Enfin, les médecins aiment exposer leurs titres dans leurs cabinets bien que cette tradition commence à se perdre avec les nouvelles générations. Ne soyez donc pas surpris de voir les murs tapissés de diplômes et de certificats. Au Mexique, la hiérarchie est une donnée importante et l’accès à l’éducation n’est pas aussi aisé qu’en France : être éduqué est donc un signe de supériorité.

 

Ma conclusion

Malgré les critiques des Français envers la sécurité sociale, les statistiques démontrent qu’ils ne changeraient leur système pour rien au monde et pour cause. Le système de sécurité sociale française est parmi les meilleurs au monde.

Au Mexique, les structures de soins publiques opèrent dans des conditions parfois dramatiques et se tourner vers les hôpitaux publics représente un coût élevé que tout le monde ne peut se permettre. Comme je l’ai souligné, tout dépend bien-sûr du type de structure privée dans laquelle on se fait soigner. Mais en définitive, la situation est loin d’être aussi dramatique qu’aux Etats-Unis où le coût des assurances de santé y est trois à quatre fois plus élevé. Il est ainsi courant que beaucoup d’américains viennent se faire soigner au Mexique où concrètement, on ne laissera personne mourir. Chaque année aux Etats-Unis, des gens meurent de leur cancer car ils n’avaient tout simplement pas les moyens de payer leur chimiothérapie…

Le Mexique dispose par ailleurs d’excellentes équipes médicales et expérimente différents traitements de pointe. Monterrey est à cet égard un véritable cluster médical qui compte en plus des hôpitaux publics de l’IMSS pas moins de 11 groupes hospitaliers privés. La situation n’est donc en définitive pas si mal pour un pays en voie de développement.

 

Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées organisé par le blog L'Occhio di Lucie.


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