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Le Musée d’Art Populaire de Mexico et l’artisanat mexicain



Inauguré le 28 février 2006, le Musée d’Art Populaire – communément appelé le MAP – est un musée récent dont l’objectif est de préserver et promouvoir l’art populaire mexicain.


Si l’on se réfère à la définition du Larousse, l’art populaire renvoie à deux ensembles : les objets de la vie quotidienne fabriqués artisanalement d’une part et les productions matérielles de groupes ethniques appartenant à des sociétés non industrielles d’autre part.


Le MAP abrite à cet égard des pièces provenant des 32 Etats qui composent la république mexicaine. Chaque région possède des ressources naturelles spécifiques que les artisans emploient dans la fabrication de pièces chargées d’une valeur artistique et qui sont liées à leurs croyances ancestrales et leur vision du cosmos.


C’est un musée que j’apprécie beaucoup et dont il me tenait à cœur de partager la visite sur le blog.



 

La visite du musée


Au sein de l’un des édifices Art Déco les plus emblématiques de Mexico, dont l’origine remonte à 1928 (pour en savoir plus à propos du bâtiment, lire Visiter le centre de Mexico), la visite du MAP se divise en quatre salles d’exposition permanente.



* Essence de l’art populaire


Cette première salle est une introduction à l’art populaire : elle souligne en quoi la production artisanale est liée à l’environnement au sein duquel elle est réalisée et en quoi l’art populaire est le résultat d’un triangle d’interactions entre la nature, l’homme et la société.


Au fond de la salle, on peut apprécier un grand mural du peintre Miguel Covarrubias, qui date de 1947, et qui représente une carte du Mexique mettant en relief l’étroite relation entre la production artisanale et l’environnement.


* L’art populaire et la vie quotidienne


La seconde salle met en lumière en quoi la production artisanale fait partie intégrante de la vie quotidienne. En effet, la vaste majorité des objets produits ont une fonction utilitaire ou décorative.


* L’art populaire et le sacré



Malgré l’introduction de la religion catholique durant la colonisation espagnole, les artistes indigènes surent préserver un mode d’expression originel, propre à leurs croyances ancestrales. De nombreux objets d’art populaire font partie de rites sacrés des communautés indigènes et expriment les concepts de transcendance, de magie, de vie et de mort tout en faisant référence à des divinités.


* L’art populaire et le fantastique



Dans cette dernière salle d’exposition permanente, les objets présentés sont étroitement liés à l’imaginaire collectif du Mexique : il s’agit de pièces qui démontrent que la magie est toujours omniprésente.


 

L'artisant mexicain


Voici différents types de techniques qui font partie de l’art populaire mexicain et que l’on peut apprécier tout au long de la visite.


* Le barro negro



La céramique d’argile noir est centrale dans la poterie de Oaxaca. Chaque pièce est façonnée selon une méthode traditionnelle suivi d’un temps de séchage. La dernière étape consiste à frotter la pièce avec une pierre de quartz afin de lui donner un aspect brillant. La majorité de la poterie en argile noir est produite à San Bartolo Coyotepec.


* La Talavera poblana



Développée dans la région de Puebla durant l’époque coloniale, la talavera combine différentes techniques de poterie issues d’Europe et d’Asie. On l’utilise pour produire de la vaisselle mais aussi des azulejos. En 2019, l’UNESCO a inscrit la céramique de Talavera produite à Puebla et Tlaxcala au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.


* Les tenangos



Le tenango est un type de broderie originaire de la Sierra Otomí-Tepehua dans l’Etat d’Hidalgo. Il se caractérise par des motifs de faune et de flore aux couleurs vives et est utilisé dans la production de housses de coussins, sacs en tissu, chemins de table et même parfois blouses et robes. Produits essentiellement par la communauté de Tenango de Doria, les tenangos sont malheureusement l’une des cibles principales du plagiat.

* Le huipil



Le huipil désigne une blouse (ou une robe) propre aux communautés indigènes du Mexique et d’Amérique centrale. Ses caractéristiques varient d’une région à l’autre mais ce qu’il est essentiel de retenir c’est que ces habits, d’origine préhispanique, possèdent une symbolique profonde : le dessin des huipiles servent à communiquer l’identité des communautés qui les produisent et sont étroitement liés à leurs croyances et leur vision du monde. Produit au Mexique dans l’Etat de Oaxaca, le huipil s’élabore sur un métier à tisser manuel qui se passe autour de la taille.


Le huipil de Frida Kahlo


Dans le contexte de post-révolution, l’artiste peintre Frida Kahlo embrassa de nombreux attributs spécifiques à la culture mexicaine dont le fameux traje de Tehuana, originaire de l’Isthme de Tehuantepec, situé sur la bande de terre la plus étroite entre l’océan Atlantique et le Pacifique dans l’Etat de Oaxaca.


Le traje de Tehuana est traditionnellement composé de trois éléments : un huipil, une longue jupe et une couronne de fleurs le plus souvent agrémentés de colliers et boucles d’oreille. Au-delà du fait que Matilde Calderón, la mère de Frida Kahlo, était originaire de Tehuana, il est probable que l’artiste avait à cœur de s’habiller ainsi car elle embrassait les valeurs propres à cette communauté de femmes.


Les femmes tehuanas, descendantes de la culture zapotèque, se distinguent en effet du reste de la culture mexicaine car leur société est fondée sur le matriarcat (en opposition au patriarcat). Elles jouent un rôle économique fondamental au sein de leur famille et de leur communauté car ce sont elles les principales à pourvoir aux besoins du foyer, ce qui leur confère notamment la liberté d’être célibataire et de divorcer.



* L’argent


Le Mexique possède une grande richesse minérale et c’est notamment vrai pour l’argent qui provient principalement de Taxco dans l’Etat de Guerrero. L’argent étant un métal très malléable, il est généralement mélangé à d’autres métaux afin de produire des pièces durables. Le mélange le plus courant est ce qu’on appelle « plata de ley » (ou 925) qui contient 92,5% d’argent pur et 7,5% d’un autre métal tel que le cuivre par exemple. Les objets produits à base d’argent sont essentiellement des bijoux (agrémentés de pierres locales telle que l’ambre du Chiapas) mais on trouve aussi des pièces d’argenterie pour la maison.


* L’art Huichol



L’art huichol est emblématique de l’Etat de Nayarit, du nord de Jalisco, de San Luis Potosi et de quelques zones spécifiques de Zacatecas. Il est produit par le peuple indigène Huichol et se caractérise par l’usage de chaquiras qui sont de minuscules perles collées à la cire d’abeille et assemblées selon des motifs complexes sur différents objets. Chaque motif possède une signification particulière. En effet, l’art huichol est empreint d’un profond symbolisme spirituel et chaque objet créé est une forme de communication avec le monde divin et raconte une histoire propre au peuple Huichol.


* Les boîtes d’Olinalá



Originaires de l’Etat de Guerrero, les boîtes d’Olinalá sont produites à base de linaloe, un bois aromatique local, recouvert de plusieurs couches de laque sur lesquelles sont ensuite gravés des dessins selon la technique dite sgraffite qui sont ensuite peints à la main. Les objets d’Olinalá sont dans la vaste majorité des boîtes et des coffres mais on trouve également des plateaux de service de différentes tailles et de différentes formes et des tables d’appoint entre autres.


* Le rebozo


Le rebozo est un châle né du métissage culturel durant la colonisation espagnole. Utilisé d’abord par les femmes afin de couvrir leur tête pour entrer dans les temples, le rebozo est ensuite devenu un accessoire courant du vestiaire de la femme mexicaine avant de devenir caractéristique des femmes révolutionnaires. Il peut se porter et se nouer de mille et une façons et est principalement produit dans l’Etat de San Luis Potosi où réside le peuple Otomí connu pour ses tissages.


* Les arbres de vie



Originaires de Metepec dans l’Etat de Mexico, les arbres de vie sont des sculptures en forme d’arbre habités de différents personnages et réalisées à base de terre cuite peintes avec des couleurs vives. Employés comme objets d’évangélisation, les arbres de vie traditionnels relatent la Création selon l’Ancien Testament avec Adam et Eve en son centre. Néanmoins, on trouve désormais de nombreux arbres de vie avec des thématiques qui ne sont pas nécessairement religieuses.


* Le sarape


Le sarape est un poncho réalisé à base de coton ou de laine de mouton, tissé de façon traditionnelle et teint avec des pigments naturels. Originaire de l’Etat de Tlaxcala, sa popularité s’est cependant principalement développée dans l’Etat de Coahuila au nord du pays et en particulier la ville de Saltillo. Facilement identifiable à ses rayures de couleurs vives, le sarape ne se restreint désormais plus à un vêtement : on trouve aussi des nappes et des tapis.


* La cartonería



La cartonnerie est une technique de moulage qui consiste à créer des objets et sculpture en carton et/ou papier-mâché. En séchant, les pièces deviennent solides et ainsi prêtes à être peintes et/ou décorées d’innombrables façons. La cartonnerie est utilisée afin de créer des squelettes, des crânes, des piñatas (dans lesquelles on tape avec un bâton afin de libérer le plus grand nombre de sucreries lors des anniversaires) et toute autre figure généralement à caractère monstrueux et/ou fantastique.


* Les Alebrijes



Originaires du village de San Martín Tilcajete dans l’Etat de Oaxaca, les alebrijes sont des figures fantastiques qui mélangent des éléments physionomiques de divers animaux.

On attribue leur origine à l’artiste Pedro Linares qui aurait en 1936 eu l’idée de créer ces figures oniriques aux couleurs vives durant son sommeil. Réalisées d’abord en papier-mâché, la technique fut adoptée et modifiée par des artisans de Oaxaca qui décidèrent de remplacer la cartonnerie par du bois de copal. Dans la mesure où aucun moule spécifique n’est utilisé, chaque alebrije possède une forme unique.



Selon les interprétations, les alebrijes protégeraient le foyer des mauvais esprits et auraient une fonction de guide spirituel.


Cette liste n’est pas exhaustive : il existe en effet de nombreuses autres techniques artisanales, notamment textiles.


 

Informations pratiques


* Adresse :

Revillagigedo 11, Centro Histórico, CP 06010, Cuauhtémoc, CDMX

Horaires : du mardi au dimanche, de 10h à 18h.


* Coût :

- 60 MXN par personne

- Entrée libre pour les mineurs, les personnes handicapées, les seniors de plus de 60 ans, les étudiants et professeurs (justificatif nécessaire) et les artisans

- Entrée libre pour tous le dimanche.


Il n’est pas possible d’acquérir les billets à l’avance : ils s’achètent directement au musée.



Et pour découvrir encore plus de choses dans les environs, lire Visiter le centre de Mexico.

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