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Trois femmes mexicaines font entendre la voix à Oaxaca


Chers lecteurs, vous êtres nombreux à m’avoir sollicité pour obtenir des recommandations culturelles mexicaines. Il est vrai que le blog s’est beaucoup concentré sur le thème de l’expatriation au détriment d’articles culturels. J’ai commencé à y remédier en publiant mardi dernier Ya no estoy aquí : un nouveau film mexicain disponible sur Netflix et dont l’histoire se déroule à Monterrey.


Aujourd’hui, je vous propose de découvrir trois artistes mexicaines originaires de l’Etat de Oaxaca que j’ai eu l’opportunité d’écouter le 9 juin dernier dans Vogue Minutes, une conversation ouverte à tous via zoom (il suffit de s’enregistrer sur la page de Vogue Mexico) dirigée par l’éditrice en chef Karla Martinez de Salas. Le thème de cette édition s’intitulait « El orgullo de representar la mujer oaxaqueña » soit la fierté de représenter la femme originaire de Oaxaca.


Avec Enrique Torres, chef de rédaction de Vogue Mexico, Karla Martinez a interviewé Yalitza Aparicio, Teresa Ruiz et Lila Downs, trois femmes inspirantes dont voici le portrait qui j’espère vous donnera envie d’aller explorer leur travail.


 

Yalitza Aparicio


Si son nom ne vous dit rien, vous vous souvenez peut-être de son visage. Elle interprète Cleo, l’employée domestique dans le film Roma d’Alfonso Cuarón, sorti sur Netflix en 2018.


Yalitza Aparicio est née en 1993 à Tlaxiaco, d’un père Mixtèque et d’une mère Trique. Enseignante en école maternelle, c’est sa participation au casting inattendu de Roma dans l’Etat de Oaxaca même qui la propulse à l’écran puis sur le tapis rouge à Hollywood. Le film dépeint (entre autres) les conditions de travail des employés domestiques au Mexique.


Brève aparté à ce sujet : beaucoup d’employés domestiques sont employés à temps plein et leurs tâches ne se limitent pas au ménage. Ils (ou plutôt généralement elles) se chargent aussi de la cuisine et de la surveillance des enfants.


Depuis son succès dans Roma, Yalitza s’est engagée dans la lutte contre le racisme et la discrimination à l’intérieur même du Mexique envers les populations indigènes. À l’heure où le mouvement Black Lives Matter fait rage aux Etats-Unis, le Mexique souffre lui aussi d’un problème de racisme interne à l’encontre de ses populations autochtones (j’écrirais prochainement un article à ce sujet). À cet égard, Yalitza Aparicio a été nommée en octobre dernier ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO pour les populations indigènes et le Times la cite parmi les 100 personnes les plus influentes dans le monde. Autre acte symbolique fort : elle a fait la une du Vogue Mexico de Janvier 2019.


Yalitza Aparicio ne se considère pas comme un modèle à suivre mais comme un exemple supplémentaire de ce que les femmes ayant des racines indigènes peuvent être. Fière de son identité oaxaquéniène, elle ouvre un nouvel horizon pour un grand nombre de femmes.


 

Teresa Ruiz

Teresa Ruiz est une actrice mexicaine née en 1988 à Santiago Matatlán, une région de Oaxaca connue pour sa production de mezcal, et qui vécut ensuite à Ciudad Juárez, El Paso au Texas et Los Angeles, expériences qui lui ont permis jeune de mesurer l’écart « entre le nord et le sud ».


Elle est apparue dans le film controversé Bordetown de Gregory Nava, aux côtés de Jennifer Lopez et Antonio Banderas, dont l’histoire s’inspire des nombreuses femmes assassinées à Ciudad Juarez et qui a reçu le soutien d’Amnesty International. Sa cinématographie est vaste mais elle a plus récemment fait partie du casting des séries Narcos et La Casa de las Flores disponibles sur Netflix.


Très attachée à ses racines, Teresa Ruiz vit aujourd’hui à Santa Monica mais retourne régulièrement dans la maison de ses parents à Oaxaca. L’un des aspects qui définit selon elle l’identité oaxaquéniène est l’écoute de son cœur, de son moi intérieur ainsi que la sensibilité. Elle dit ainsi : « La tristesse nous frappe, et nous frappe fort, mais l’on sait toujours faire face. »

Engagée, l’actrice considère que l’une de ses premières responsabilités est de continuer à interpréter des personnages ou de s’investir dans des projets qui génèrent une conscience de ce qui se passe.


 

Lila Downs

Lila Downs Sánchez est née en 1968 à Tlaxiaco d’une chanteuse de cabaret mixtèque et d’un professeur d’art et directeur de photographie américain originaire du Minnesota.

Après des études de musique et d’anthropologie, Lila Downs est devenue chanteuse et compositrice. Son répertoire puise dans la musique populaire mexicaine et rend hommage aux cultures indigènes. Activiste, elle défend la préservation des langues indigènes (elle parle elle-même mixtèque) et incarne l’essence même de Oaxaca avec son folklore, ses couleurs et ses traditions. Son style vestimentaire n’est pas sans rappeler celui de la peintre Frida Kahlo, et pour cause, le dressing de Frida puisait dans les vêtements traditionnels des femmes de Oaxaca.


Véritable porte-parole de la culture oaxaquéniène, Lila Downs a grandi à une époque où parler de races était tabou. Après 26 ans de carrière musicale, l’artiste est reconnue pour son interprétation de la culture et des traditions de Oaxaca tant sur scène que dans ses vidéos qui l’ont notamment mené à recevoir un Grammy Award et trois Latin Grammy Awards. Les initiés ne manqueront pas de reconnaître l’influence de la chanteuse Chavela Vargas (1919-2012) dans ses chansons.


Mariée au saxophoniste Paul Cohen, Lila Downs vit aujourd’hui entre Oaxaca, le quartier de Coyoacán au Mexique et sur la route au rythme de ses tournées.


 

Yalitza Aparicio, Teresa Ruiz, Lila Downs : trois femmes mexicaines, trois personnalités qui incarnent la fierté d’être originaire de Oaxaca et dont le travail a su traverser les frontières.

Pour ma part, j’aspire à visiter un jour Oaxaca, à mille lieues de Monterrey qui est une ville à la fois moderne, industrielle et l’un des centres économiques majeurs du Mexique. J’espère que l’œuvre de l’une de ces femmes saura vous séduire et je vous retrouverai bientôt, chers lecteurs, dans un nouvel article sur la culture mexicaine.

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