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La musique au Mexique – Celso Piña est mort : mais qui était Celso Piña ?


Crédit photo: ERIZOS.MX


Le 21 août dernier Celso Piña, âgé de 66 ans, est mort à Monterrey d’un infarctus fulgurant et les hommages se sont multipliés à tel point que 25 000 personnes furent présentes à ses funérailles le 24 août. Mais qui était Celso Piña et pourquoi tant de bruit ?


Celso Piña était un chanteur et accordéoniste mexicain originaire de Monterrey et plus particulièrement du Cerro de la Campana occupé par l’une des principales favelas de la ville. C’était donc un homme d’origine très modeste. Enfant, il se rendait dans les « colonias » riches de San Pedro Garza García où il récupérait les fruits et légumes jetés par les supermarchés afin de les laver et de les revendre dans son quartier. Plus tard, il travailla comme livreur de tortillas, fondeur d’acier, meunier de maïs, tapisseur puis ouvrier à l’Hôpital pour enfants où travaillait alors déjà son père.


Mais à l’âge de 20 ans, il décida de quitter son emploi afin de se consacrer à Ronda Bogotá, groupe de musique fondé avec ses trois frères. Le groupe jouait essentiellement dans de modestes fêtes de famille, en particulier sur le Cerro de la Campana, où il était alors essentiellement sollicité pour des musiques traditionnelles du nord-est du pays, telles que la polka, et des rythmes menés en général par l’accordéon. Celso et ses frères bénéficiaient de l’aide de leur père qui après ses longues journées de travail leur fabriquait des instruments de musique en fer et bois recyclé.



La particularité de Celso Piña est qu’il ne souhaitait pas jouer les musiques traditionnelles « norteñas » : son credo, c’était la cumbia, style de musique colombienne alors méconnue au Mexique. Il apparaissait en réalité ambitieux d’importer la cumbia dans une région aride, plus proche du Texas que de la mer, mais Celso voulait jouer une musique que personne ne jouait alors. Grâce à sa détermination, il parvint peu à peu à imposer la cumbia colombienne et devint un véritable pionnier de la cumbia du nord.


Le succès démarra dans les années 80 avec la naissance d’autres groupes musicaux jouant de la cumbia mais aussi la méfiance des pouvoirs publics, qui de manière aussi absurde qu’inconcevable, voyaient en la cumbia une incitation à la violence. Qu’à cela ne tienne, Celso continua à jouer de la cumbia en marge de la société où il était adulé.


Mais un fait original se produisit en 2003 : l’écrivain et prix nobel de littérature Gabriel García Márquez dansa au rythme de l’accordéon de Celso lors d’un gala au MARCO (Museo de Arte Contemporáneo) à Monterrey. C’est ainsi que les élites locales arrêtèrent de stigmatiser et de censurer la musique colombienne à Monterrey. Celso passa des cantinas et « antros » (boîtes de nuit) mal fréquentées aux auditoriums, stades et places publiques, soit de l’ombre à la lumière. Il joua notamment avec des artistes comme Café Tacvba et le Cartel de Santa.



Le journal Milenio titrait ainsi le 21 août dernier : « Celso Piña, el niño del cerro que se convirtió en leyenda », ce que l’on pourrait traduire par « l’enfant de la montagne devenu légende ». Nommé internationalement « El Rebelde del Acordeón » (Le Rebel de l’Accordéon), Celso Piña fit le choix de rester humble et ne quitta jamais le Cerro de la Campana alors même qu’il était devenu l’une des figures majeures de la scène musicale mexicaine moderne. Il confessa ainsi à un journaliste : « Nunca hay que dejar de tocar tierra. El día que empieces a levitar se te va a acabar la magia » ce qui signifie « Il ne faut jamais quitter la terre ferme. Le jour où tu commences à léviter, c’est le moment où la magie s’arrête. »


Bien que présent sur la scène musicale internationale, Celso Piña vécu toujours dans la simplicité et fit le choix de soutenir les Mexicains dans le besoin. Selon sa volonté, ses cendres seront dispersées dans son ranch dans la commune d’Allende au Nuevo León.


Parmi ses titres les plus connus, on peut citer : Cumbia sobre el rio / Interludio, Cumbia poder, Cumbia Sampusana ou encore Aunque no sea conmigo chanté en duo avec Café Tacvba.


Qu’on apprécie ou non la cumbia, le Mexique a perdu un artiste majeur de sa scène musicale et je dois admettre que lorsque la personne qui vient faire chez moi le ménage me dit que Celso Piña était son voisin et qu’elle dansait sur ses musiques depuis l’âge de 20 ans (elle en a 48 aujourd’hui), ça fait quelque chose.



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