top of page

Voyage de Noël en Europe / 2 - Vienne en Histoire

Andy et moi avons repris le train le jeudi matin après 3 nuits passées à Innsbruck (en mots et en images ici). Il fait froid, nous sommes groggy de fatigue mais nous sommes heureux ! Après 4 heures de train et le défilé d'un paysage enneigé, nous voilà dans la capitale autrichienne, sous une pluie glacée et où il fait un vent terrible.

Qu'à cela ne tienne, nous achetons nos cartes de transport pour trois jours et nous déposons nos affaires au Motel One Wien – Staatsoper.

Le nom n’est peut-être pas très inspirant au départ mais je vous assure que c’était super : j’en parle un peu plus loin. De là, direction la Hundertwasserhaus et le Prater où je veux à tout prix monter dans la grande roue pour voir la ville. Nous avons bien vite déchanté !

Le vent est trop puissant, je manque de m'envoler et bien que le thermomètre indique qu'il fait 7 degrés, j'ai plus le sentiment qu'on est à -5. Le froid était bien plus supportable à Innsbruck où l'air était sec. Nous sommes parvenus à l'immeuble de Friedensreich Hundertwasser avec toutes les difficultés du monde : difficile de lire une carte sous la pluie. En revanche, nous avons abandonné l'idée du Prater et de la grande roue. Le Prater est une grande aire verte à Vienne qui abrite l'un des plus vieux parcs d'attraction d’Europe ainsi qu'un marché de Noël en période de fête. Mais bien-sûr, tout est à l'extérieur...et le ciel est tellement gris que je ne vois pas franchement ce que je vais voir du sommet de la grande roue. Découragés, Andy et moi décidons de rebrousser chemin, direction le centre où j'ai lu que se trouvait le Café Central, l'un des plus beaux cafés de Vienne.

Pour l’anecdote, Friedensreich Hundertwasser (1928-2000), artiste et architecte autrichien de l’après-guerre, construisit la Maison Hundertwasserhaus entre 1983 et 1986. Edifice de logements sociaux à l’architecture bigarrée, la bâtisse est un véritable témoignage de la non-conformité d’Hundertwasser. Ecologique et engagé, l’artiste appliquait ses toiles à la réalité où l’on perçoit la dominance de la nature, l’importance de la couleur, le refus de la ligne droite et l’idée de construite des maisons pour que les gens y vivent plus heureux. A Vienne, on peut voir que les arbres et les plantes font partie intégrante de la structure. La limite : les arbres la font bouger.

 

Après 15 minutes de métro, nous sommes arrivés à la station Herrengasse à 2 minutes à pieds du café où ce fût un véritable ravissement, au sens littéral du terme. Le bâtiment abritait à l’origine l’ancienne Bank und Börsengebäude (banque et bureau de change) aujourd'hui dénommé Palais Ferstel. A la fin du XIXème siècle, le Café Central fût l’un des hauts lieux de la scène intellectuelle viennoise et au début du XXème siècle, il fût fréquenté par Sigmund Freud, Léon Trotski, Lénine et également Hitler (peut-être que j’aurais pu occulter ce détail mais il fait partie de l’histoire avec un grand H). Après la Seconde guerre mondiale, le café ferma ses portes mais il rouvrit en 1975 après rénovation.

Le lieu est sublime, cosy mais avec un côté majestueux, très impérial, certainement dû aux croisées d'ogive.

Il y a un menu mais l'on peut aussi choisir directement une pâtisserie dans la vitrine et indiquer son choix au serveur. Le paradis...ou aussi l'impossible choix : tout semble délicieux ! Bien-sûr nous avons accompagné nos pâtisseries du fameux et traditionnel chocolat viennois : un chocolat chaud surmonté de crème fouettée. Ce n’est pas donné (5,10€ le chocolat et 4,60€ la pâtisserie) car le lieu est une institution à Vienne et c'est évidemment très touristique. Cela dit, rien à regretter : j'ai tellement aimé que nous y sommes retournés !

A l’extérieur, tout semble magique : l'architecture classique et impériale, les illuminations de noël, les calèches tirées par les chevaux, et le palais de la Hofburg...on ne se sait pas où regarder.

 

On rentre se reposer un peu à l'hôtel et le soir nous allons dîner au Melker Stiftskeller à proximité du Café Central. Le restaurant est logé dans une cave et m'a été recommandé par mon papa qui a visité la ville quelques semaines plus tôt. La cuisine est typiquement autrichienne. Andy a commandé la spécialité de la maison, le porc lentement rôti durant 16 heures, et je suis restée fidèle au civet de cerf (voir article sur Innsbruck) accompagné d'un bon verre de rouge.

Le restaurant proposait également la fameuse Wiener Schnitzel ou escalope de veau viennoise qui a la particularité d’être panée, ainsi que des plats végétariens. Prix très correct pour une capitale puisque nous avons payé 58€ pour deux entrées, deux plats, deux bières et un verre de vin. Attention, les portions sont très grandes !

Notre aventure viennoise a continué ainsi pendant deux jours et voici ce qui m'a le plus marqué lors de mes découvertes :

 

1 - Vienne est une ville d'histoire

Les visites de la Hofburg dans le centre et du palais de Shönbrunn se sont naturellement imposées et m'ont permis de renouer avec l'histoire de l'empire austro-hongrois. C’est en 1867 que l’empereur François-Joseph Ier, époux d’Elizabeth d’Autriche que nous connaissons tous sous le nom de Sissi, fût couronné roi de Hongrie à Budapest. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Sissi n’était pas appréciée du peuple viennois. La véritable figure féminine chérie des autrichiens fût celle de Marie-Thérèse de Habsbourg (1717-1780) qui fût mariée à François de Lorraine. Très engagée en politique, Marie-Thérèse eu 16 enfants (11 filles et 5 fils), dont 10 parvinrent à l’âge adulte. Parmi eux, l’on trouve Marie-Antoinette qui à 15 ans, fût mariée au Dauphin de France, le futur Louis XVI. L’on connaît la fin tragique du couple qui vit éclater la révolution française en 1789 et fût guillotiné.

Le palais de la Hofburg représente le château d’origine. Shönbrunn, anciennement simple pavillon de chasse, fût construit après, sous le règne de Marie-Thérèse qui en fit une résidence d’été. Le siège du gouvernement demeura à la Hofburg.

Vienne est l'héritière d'une tradition impériale et cela se ressent dans l'architecture de la ville. C'est un peu comme un musée à ciel ouvert avec des bâtiments classiques relativement massifs.

 

2 - Vienne est une ville d'art

Qu'il s'agisse de musiciens, peintres, architectes, écrivains, danseurs...Vienne et l’Autriche sont naturellement tournée vers la création.

On peut citer en musique, entre autres, Joseph Haydn, Wolfang Amadeus Mozart, Franz Schubert, Gustav Mahler et Johann Strauss. Il est possible de visiter la maison de Beethoven, dernier grand représentant du classicisme viennois, qui n’était cela dit pas autrichien mais allemand.

En termes de peinture, le travail de Gustav Klimt et d'Egon Schiele sont internationalement reconnus. J'ai pu apprécier certaines de leurs œuvres au Leopold Museum situé dans le Museumsquartier, véritable regroupement de musées face à la Maria Theresien Platz.

Le Leopold abrite des œuvres de la période moderne. J'ai été un peu déçue car je m'attendais à voir plus de peintures mais Andy a adoré. Et puis le bâtiment contemporain est très agréable avec une incroyable lumière naturelle.

Le fameux Baiser de Klimt est exposé au Belvédère mais je n'y suis malheureusement pas allée faute de temps et surtout de budget ! A la fin d’une semaine en Autriche, le porte-monnaie commence à être serré et n'étant pas attirée par le musée en général, ça ne vaut pas le coup.

 

3 - Vienne est aussi le berceau de la psychanalyse

Je ne me suis pas rendue à la maison de Sigmund Freud, auteur de l’Interprétation des rêves et de l’Introduction à la psychanalyse entre autres. Néanmoins, il est impossible de penser à Vienne sans évoquer la psychanalyse. Sigmund Freud ne mourut pas à Vienne mais à Londres où il s’exila lors de la Seconde guerre mondiale : sa maison londonienne est également désormais un musée.

 

4 - Vienne abrite la Spanische Hofreitschule

L’école d’équitation espagnole, connue également sous le nom d’Ecole espagnole de Vienne, est un centre de dressage équestre internationalement reconnu qui a la particularité de dresser uniquement des lipizzans. Créée en 1565, c’est la plus ancienne école d’équitation d’Europe. Bien que les lipizzans provenaient majoritairement de l’Empire autrichien (actuelle Slovénie), les chevaux étaient en grande partie originaire d’Espagne, d’où le nom d’« école espagnole ». La particularité des lippizans est qu’ils sont noirs à la naissance et que leur robe s’éclaircit progressivement avec le temps, jusqu’à devenir entièrement blanche entre 6 et 10 ans.

Bien que les spectacles étaient réservés à la cour impériale d’Autriche, ils furent accessibles au public après la chute de l’empire austro-hongrois en 1918. Aujourd’hui, il est possible d’assister à la reprise le matin à 10 h pour 15€. En revanche, il n’y a pas de reprise le samedi matin. Quand la dame du guichet m’a dit cela (nous étions un samedi), je me suis décomposée. J’ai une véritable passion pour les chevaux et j’attendais ce moment depuis des mois. Voyant ma tête, ou plutôt ma grimace, la dame nous a dit qu’il y avait un spectacle un peu plus tard, à 11h. Avant même que je n’ai pu dire quoique ce soit, Andy a répondu : « C’est entendu. Deux tickets pour la représentation de 11h » Cela nous a coûté 28€/personne et je peux dire que ça en vaut vraiment la peine. Je ne peux pas en rendre compte ici car les photos y étaient interdites (en particulier pour ne pas perturber les chevaux) mais ce que font les chevaux et la relation qu’ils ont avec leur cavalier y est somptueuse.

 

5 - Vienne s'adresse aux fous de pâtisserie (dois-je préciser comme moi ???)

Vienne est porteuse d'une importante tradition pâtissière. Les cafés traditionnels viennois sont nombreux et plein de charme. Je suis allée au Café Central et au Café Sacher qui sont de véritables institutions. Le Café Sacher est abrité par l’Hôtel du même nom qui fût fondé en 1876 par Eduard Sacher, membre de la bourgeoise entrepreneuriale juive viennoise. C’est sa veuve, Anna Sacher, qui en fit un établissement raffiné, rendez-vous de l’aristocratie, des diplomates et de l’élite artistique et intellectuelle en Europe.

On se rend au café pour déguster le classique de la maison : le Sachertorte. La pâtisserie fût inventée par Franz Sacher, le père d’Eduard, alors apprenti pâtissier. Le gâteau devint tellement célèbre et tellement typique de la gastronomie autrichienne qu’il fût parfois mentionné dans certaines œuvres littéraires. Stefan Zweig, habitué du Café, y fit référence dans son livre La pitié dangereuse. Il s’agit d’un gâteau au chocolat (une génoise relativement aérée) avec une fine couche de confiture d’abricots en son cœur et recouvert d’un glaçage au chocolat, éventuellement accompagnée de crème fouettée.

J’ai adoré le cadre qui est très enchanteur et j’ai bien-sûr adoré le gâteau que j’ai accompagné d’un café sacher : un café accompagné d’une liqueur de chocolat avec une touche d’abricot.

Et pour encore plus de pâtisserie, d’autres cafés viennois sont très réputés, tel que Demel et Sperl. Je n’y suis pas cependant pas allée car il est impossible de tout voir et tout manger en trois jours.

En parlant de pâtisserie, saviez-vous que le croissant fût inventé à Vienne et non en France ? Je sens déjà l’orgueil français blessé. En 1683, alors que les turcs assiégeaient Vienne, les troupes de l’Empire Ottoman décidèrent de lever une attaque dans la nuit afin de ne pas être repéré. C’est le boulanger viennois, Adam Spiel, qui avant l’aube donna l’alerte. Afin d’immortaliser cette victoire, les boulangers élaborèrent le « Hörnchen » (« petite corne » en allemand) qui rappelle le croissant sur le drapeau turc. L’histoire raconte que ce serait grâce à Marie-Antoinette d’Autriche que le croissant fût introduit à Paris. Néanmoins, fait bien français, le croissant feuilleté au beurre, tel que nous le mangeons aujourd’hui, fût créé en 1920 par les boulangers parisiens. Le croissant n’était en effet à l’origine qu’une pâte à pain améliorée.

 

6 - Enfin, Vienne est une ville magique à Noël

Les marchés de Noël y sont innombrables : sur la Maria Theresien Platz, devant le Ratenhaus (hôtel de ville), au pied de la cathédrale Saint Etienne, devant le Belvédère, au Prater...

J'y ai dégusté des marrons chauds (une découverte pour Andy) et j'ai acheté ce carnet fait par une maison hongroise.

 

Conclusion de mon périple viennois

* J'ai redécouvert Vienne. J'y avais vécu pendant un an lorsque je n'avais alors que 10 ans et j'ai pu apprécier la ville avec un nouveau regard.

* Il y fait très froid : curieusement, malgré des températures plus hautes qu'à Innsbruck, j'ai eu plus frais à cause d’un vent glacé.

* Les gens y sont globalement froids et distants, tels que dans mon souvenir...exception faite de notre super serveur au pub Krah-Krah (qui n’est autre que l’équivalent de notre « croa-croa » du corbeau) où nous avons dîné le vendredi soir.

* C'est très calme. À notre arrivée nous avions plus l'impression d'être dans une bibliothèque que dans un aéroport : il y régnait un silence absolu.

* Le simple fait de marcher dans la ville vaut le coup : l'architecture y est somptueuse. Curieusement, je me suis parfois sentie un peu écrasée par tous ces bâtiments imposants.

* J'ai adoré me replonger dans le mythe de Sissi. Je conseille vivement l’autobiographie de Jean des Cars qui décrypte la personnalité d’une femme complexe, dépressive, poète, cavalière émérite, et d’une très grande beauté, qui très attachée à ses racines bavaroises, ne s’acclimata jamais à la cour de Vienne et vécut une vie de voyages en Europe en ne révélant jamais son identité. Bien que peu tournée vers la politique, son intervention pour faire couronner son mari roi de Hongrie, ne fût pas anodine. Sissi s’était éprise du peuple hongrois, de sa langue et de sa culture. Elle eut une fin tragique, mourant assassinée par un anarchiste italien lors d’un voyage à Genève en Suisse.

* J'ai eu un coup de cœur pour le Ratenhaus, le quartier de la Hofburg, le spectacle équestre de l'école espagnole, le Café Central et le stand de saucisses près de l'Albertina.

* Les vins blancs y sont excellents bien que je n’en n’aie retenu aucun nom ! Si vous êtes friand de bulles, le bar Schlumberger est un endroit pour prendre une coupe : le Schlumberger est en effet le vin mousseux autrichien. Les caves peuvent se visiter dans le quartier de Döbling.

* L'hôtel était super : bien qu’il s’appelle « Motel One », il n’y a aucun lien avec l’idée classique que l’on se fait d’un motel à l’américaine. Il s’agit en fait d’une chaîne d’hôtel allemande qui propose un très bon rapport qualité/prix. En outre, l’emplacement était excellent : dans l’Innerstadt, à deux minutes à pieds de l’Opéra et de l’Albertina Museum.

* Enfin, c'est une capitale européenne plus abordable que Londres et Paris.

Si vous projetez de visiter Vienne ou si vous y êtes déjà allés, n’hésitez pas à commenter ci-dessous et à partager autour de vous !

Et la semaine prochaine, je vous emmène à Paris pour le troisième et dernier épisode de mon voyage de l’Avant.

You Might Also Like:
bottom of page