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Christelle : « un pas en France, un pas en Espagne ».


Mon expérience vaut ce qu’elle vaut mais ne reflète pas la diversité des parcours expatriés. C’est pourquoi j’ai lancé la rubrique : Portraits d’Expat’. J’y partage les témoignages d’expatriés au Mexique et aux quatre coins du monde afin d’ouvrir les horizons du blog, de découvrir d’autres histoires et d’autres expériences qui sont autant de nouvelles perspectives sur l’expatriation.

Portraits d’Expat c’est un regard nouveau sur l’expatriation…

 

Christelle a 36 ans et elle est expatriée depuis 5 ans et demi. Tout d’abord à Tolosa dans le pays basque espagnol, elle a finalement décidé de s’établir à Hendaye en zone basque française au niveau de la frontière, un endroit pour lequel elle a eu un véritable coup de cœur. Christelle aborde sans détour ce qui l’a motivé à partir, à savoir sa rencontre avec un Espagnol devenu aujourd’hui son mari, ainsi que les difficultés d’adaptation qu’elle a rencontré à son arrivée. Elle nous parle de ce sentiment si particulier que ressent tout expatrié avec une authenticité déroutante. Voici le portrait d’une jeune femme un peu bohème, d’une jeune femme vraie.


Christelle, d’où viens-tu ?


Je suis née à Reims et j'ai vécu à Châlons en Champagne toute ma vie jusqu’à mon départ.


Pourquoi t’es-tu expatriée et pourquoi le choix de Tolosa, puis Hendaye ?


C’est le destin qui a fait que je me suis expatriée au pays basque espagnol. J'ai rencontré mon mari sur un site de rencontre, je lui ai rendu visite plusieurs fois et il a fait de même pendant un an. Finalement, c’est mon côté nomade et bohème qui m'a décidé à partir : je n'y ai pas vraiment réfléchi, ça me semblait évident que ça devait être à moi de déménager et non lui. Je ressentais un vague à l'âme quotidien à Châlons : avant même de le rencontrer j'avais déjà une lassitude et une envie d'autre chose. A cet égard, avant lui j’ai vécu une relation avec un japonais, et j’étais partie le voir plusieurs fois au Japon, mais notre histoire s'est terminée avant de vraiment pouvoir construire quelque chose. Si tel avait été le cas, je pense que je serais partie aussi.


Que faisais-tu avant d’arriver en Espagne ? Ton expatriation a-t-elle induit un changement d’activité ?


J'ai dû quitter mon travail d’auxiliaire-puéricultrice en crèche que j’avais en France et j’ai au départ trouvé un travail en tant que professeur de français dans une académie de langues. Puis je suis finalement entrée dans une agence d'aide à domicile où j'ai découvert un nouveau métier qui me plait énormément. Ma vie a complètement changé.


Que penses-tu de ta ville d’expatriation ? Qu’y apprécies-tu le plus et qu’y apprécies-tu le moins ?


Lorsque j'ai rencontré mon mari je ne parlais pas sa langue et lui non plus. Nous communiquions donc en anglais. J'ai appris assez vite l'espagnol en m'investissant énormément et en travaillant beaucoup. En un an je parlais couramment.


J’ai d’abord vécu en Espagne mais au PAYS BASQUE ! C’est une partie de l'Espagne à l’identité forte, avec ses traditions, et surtout sa langue, le BASQUE ! Ce fût donc assez difficile pour moi au début, car tout était nouveau, la langue, les mentalités, les habitudes, l'heure des repas, le style de nourriture. Tolosa est une petite ville où ce côté identitaire basque est très développé. En revanche, la grande ville voisine, San Sebastian, est très touristique et l’identité basque se ressent beaucoup moins, la ville est plus ouverte je dirais.


Tolosa, Espagne


Cet aspect basque fut difficile pour moi car je me sentais toujours un peu à l'écart, peut être parce-que je n'arrivais pas à trouver ma place face à tous ces changements. Tout le monde m'a ouvert les bras et a tout fait pour que je me sente le mieux mais au bout d'un moment on ressent tout de même qu'on n’est pas pareil et que quelque chose nous manque.


San Sebastian


Initialement j’avais trouvé du travail dans la première ville française à la frontière. Je faisais donc la route tous les jours (45 minutes), j'étais très fatiguée, et il est arrivé un moment où j'ai craqué et j'ai eu besoin de partir voir ma famille et mes amis pour me ressourcer, car dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue, surtout au début, on ressent comme un handicap, constamment. On a l'impression que lorsqu'on parle on est comme un enfant, c'était compliqué à vivre pour moi.


Par ailleurs, ayant une fille, ce fût aussi difficile pour elle. Finalement, au bout d'un an et demi en Espagne, nous avons décidé de revenir vivre en France mais à la frontière où 50% des gens sont français et 50% espagnols, mais surtout BASQUES !!! Ah ce basque…il est aussi présent du côté français. On y retrouve les mêmes traditions, la langue basque, ses fêtes, mais bizarrement je m’y sens mieux.


Frontière franco-espagnole


Nous sommes à Hendaye, entre nos deux pays, un pas en Espagne, un pas en France, au pays basque français pour lequel j'ai eu un coup de foudre. Pour moi, c’est un peu comme un autre pays à part entière que je considère comme mon pays d’adoption, un lieu où je me ressource tous les jours, où je profite des paysages, de la nourriture, des gens si conviviaux, qui aiment la vie, qui aiment danser, s'amuser. C’est ici que j'ai trouvé ma place.


Christelle s'est fait tatouer le symbole basque


Quels y sont tes endroits favoris ?


Château d'Abbadia, Hendaye


Mes endroits préférés sont San Sebastian, magnifique ville, pas très grande mais où je me sens tellement bien ainsi que la plage avec son magnifique château d'Abbadia, château atypique et unique qui surplombe la corniche et ses falaises.


Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui débarque ici pour la première fois ?


Savoir aimer, savoir s'amuser et savoir profiter de la vie.


As-tu une anecdote particulière relative à ton expatriation et qui t’a a laissé un souvenir marquant ?


Beaucoup de réflexions me sont faites sur la France, ce qui peut être parfois vexant. En vrac : on mange à l'heure des poules, les français sont coincés, ils ne savent pas s'amuser, les rues le soir sont vides... La première fois on le prend à la rigolade mais à force c'est pesant, surtout lorsqu'on est seule face à un groupe d’individus du même pays, comment se défendre ? Mais maintenant, avec les années, j'ai appris à mettre en avant les atouts de la France, ses valeurs, nous avons tellement de choses enrichissantes à donner, nos merveilleuses pâtisseries, nos bons fromages, nos parfums, la mode. En Espagne, toutes les cosmétiques sont de marques françaises !


Parle-moi de quelque chose que font les gens localement et qui est différent de la France ?


Fêtes basques

L'heure des repas ! Le repas du midi ne se fait pas avant 14h et le soir 22h ! Quel décalage pour moi : j’avais l'habitude de manger vers 11h30 et le soir 18h (travailler en crèche ne m'a pas aidé). Mais finalement je m'y suis faite et je trouve ça mieux.

Par ailleurs, lors des fêtes basques, tout le monde (enfants, grands-parents) se part des tenues basques et dansent les traditionnelles danses basques.


Qu’est-ce-qui te manque le plus en France ?


Ma famille et mes amis bien-sûr. Et…le CHAMPAGNE !!! (Christelle vient de Châlons dans la région champenoise)

Les moments que je passais avec mes amis d'enfance, que je connais par cœur, où nous n'avons rien à prouver, les moments de bonheur avec eux sans prise de tête, ça me manque énormément. Ici la plupart des gens se connaissent tous depuis toujours et ont cette complicité, que moi je n’ai pas. Parfois je me sens à part. Heureusement qu'il y a internet pour pouvoir garder contact malgré la distance et faire comme s’ils étaient un peu là avec moi.


A quelle fréquence rentres-tu à Châlons et comment vis-tu ces retours ?


C'est ici que vit désormais Christelle...


Au début j'y allais deux fois par an, ensuite j'y allais de moins en moins. Le rythme du boulot s'installe, et puis l’aspect financier est à prendre en compte. Mais depuis peu j'y retourne un peu plus car j'en ai besoin pour me ressourcer, retrouver des gens sur qui je peux compter, mes amis d'enfance, la famille, le sentiment d’appartenir à un groupe. Ici je n'ai pas cette sensation.

Néanmoins, depuis quelque temps je me suis rapprochée de certains collègues avec qui j'ai des affinités, et petit à petit je recrée ce que j'avais à Châlons et ça fait du bien. Dans ce groupe il y a les deux nationalités, espagnoles et françaises, c’est ce que j’aime.


Quel est selon toile plus gros défi de l’expatriation ?


Trouver sa place.


Qu’est-ce-qui te plaît le plus dans l’expatriation ?


Plage d'Hendaye


J'aime le changement, les découvertes, j'ai toujours eu la bougeotte. Je viens d’une famille un peu bohème, j'ai ça en moi, du coup je n'ai pas du tout eu de mal à partir, au contraire. Le plus difficile est de trouver sa place, le bon lieu. Aujourd’hui j’aime la ville où je vis qui est entourée de nature. Là où j’habitais avant, j’étouffais.


Si tu devais quitter l’Espagne, où irais-tu ?


Au Japon ?


As-tu un projet/rêve particulier qui t’est venu lors de ton expatriation et que tu aimerais réaliser ou que tu es en train de concrétiser ?


J'aimerais ouvrir une maison d'hôtes mais ce n'est pas près de se réaliser.


Comment résumerais-tu ton changement de vie en une phrase ?


En un mot : le DESTIN. Il faut vivre sa vie à fond, on en a qu'une, parfois ce n'est pas bon de trop réfléchir, il faut essayer, rien n'est jamais figé, tout peut encore changer. Il faut vivre ses rêves, la vie passe si vite. Mon mantra : vis ta vie comme si tu allais mourir demain.



 

Si vous aussi vous êtes expatrié et que vous souhaitez témoigner, n'hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact ici-même.

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