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Ma vie en boîtes: un déménagement...encore!



C’est lundi matin et je viens d’achever un week-end de déménagement. Et oui, encore un ! Ce déménagement vient s’ajouter à la longue liste de changements de domicile depuis mon enfance. En tant que fille de militaires, il n’y a pas à tourner et virer, le déménagement, on n’y coupe pas ! D’aussi loin que je me souvienne, ma famille et moi déménagions environ tous les trois ans, parfois quatre. Nous avons principalement vécu dans le bassin parisien (différentes villes des Yvelines, la Seine et Marne, Paris), une année à Vienne en Autriche lorsque j’avais dix ans, puis ma mère et son nouvel époux sont partis vivre trois ans à Jakarta en Indonésie. Dans ce cas précis, je n’ai pas suivi. A l’approche du bac, je suis allée m’installer chez ma grand-mère dans la Marne. J’y suis restée un certain temps, puis je suis retournée à Paris après mes études d’infirmière. Quelques années après que ma famille soit rentrée d’Indonésie, ma mère est de nouveau partie : elle a vécu quatre ans à Lisbonne au Portugal avec mes deux jeunes sœurs et je leur ai rendu visite pas moins de sept fois ! Je suis tombée amoureuse du Portugal mais ça, c'est une autre histoire. Le fait est que j’ai pas mal bougé et que je suis habituée aux changements et à tout ce qui y est associé : démarches administratives, installation dans un nouveau foyer où on peine parfois à trouver nos marques, inconfort des premiers jours dans un endroit qu’on ne se résout pas encore à appeler « maison », nouvelle ville, parfois nouvelle langue, orientation difficile et bien d’autres aspects encore. Tout ça, je connais !

Quand j’évoque cette vie de mouvements à certains amis je fais face à deux types de réactions bien distinctes :

  • Il y a le groupe de ceux qui trouvent ça « génial ». Tu as de la chance d’avoir tant bougé. Cela t’a sûrement permis de développer tes capacités d’adaptation, tu as dû rencontrer plein de gens, ça ouvre les horizons, cela te rend plus ouverte. Et puis, tu as vu des tas de choses, etc., etc…

  • Puis il y a le groupe de ceux qui trouvent ça difficile et qui ne seraient pas prêts à cette vie là (oui bon dans mon cas, ce n’est pas comme si on ne m’avait donné le choix non plus). Ma pauvre, ça n’a pas dû être facile de changer tout le temps, de devoir constamment se réadapter à un nouvel environnement, comment t’as fait ? Comment j’ai fait ? Bien je ne me suis jamais trop posé la question. Il n’y avait tout simplement pas d’autres options. C’était comme ça.

Alors, dans quel groupe me reconnais-je le plus ? Je crois que je navigue entre les deux. Je suis convaincue que déménager souvent m’a permis de découvrir peut-être plus de choses que mes camarades ayant passé toute leur enfance et toute leur adolescence au même endroit. J’ai été exposée à d’autres façons de penser d’une ville à l’autre, d’autres modes, d’autres rythmes. J’ai dû à chaque fois apprendre de nouveaux codes. Par exemple, je me souviens que dans mon collège et lycée de Seine et Marne, la mode pour les filles, c’était de s’habiller avec des jeans moulants et de porter des pulls très près du corps auxquels on superposait un sweatshirt de marque (Nike de préférence) ultra large. Il fallait avoir de grandes créoles aux oreilles, plein de bracelets et colliers en argent et des Airmax aux pieds. C’était très « Rap/RnB » des années 2000. En revanche, lorsque je suis arrivée à Châlons dans la Marne, mon lycée affichait plus d’un côté une tendance rock et de l’autre un look BCBG. Les BCBG étaient principalement ceux qui étaient en filière S ou ES. Mais les L (où je me trouvais) étaient définitivement rock ou baba cool. Vêtements noirs, cheveux colorés en rouge profond, et Doc Martins aux pieds pour les uns, pantalons lose larges, tee-shirt colorés et Converse pour les autres.

Cela semble être un infime détail mais je peux vous dire que dans la vie d’une adolescente, ces choses-là comptent, la première préoccupation étant l’intégration. Mais je crois qu’à ce niveau je ne faisais pas tant d’efforts. Surtout à la fin…Parce-que je me suis fatiguée de déménager. Si le déménagement favorise la découverte, il peut dans certains cas conduire au désinvestissement. On sait qu’on ne va pas rester et on se lasse de perdre les amis qu’on s’est difficilement fait. On sait que notre nouvelle adresse est « temporaire » et on commence donc une vie de « transition » où rien n’est permanent. A quoi bon ? De toute façon, je vais redéménager bientôt.


Ma conclusion à propos du déménagement est la suivante : déménager a sans nul doute des aspects positifs, cela développe la curiosité et aussi nous challenge, mais déménager trop régulièrement n’est selon moi pas forcément une bonne chose. Tout être humain a besoin de stabilité, même le plus aventurier. Il est bien plus facile de sortir de sa zone de confort lorsque l’on sait que quelque part derrière nous, il y a une base stable et solide à laquelle on pourra toujours revenir.

Je viens d’une famille à l’âme voyageuse, en particulier en ce qui concerne ma maman qui parle plusieurs langues étrangères, s’exprime en anglais comme une vraie « British » et a voyagé dans pas moins de 25 pays à travers le monde pour des périodes plus ou moins longues. Comme je l’ai mentionné récemment dans l’article « Vie à l’étranger : de quoi êtes-vous le plus fier ? », mon premier voyage en Indonésie pour rendre visite à ma famille a été un déclic : découverte d’un autre monde, ou en fait du monde tout court, et désir très fort d’aller à sa rencontre. De plus, j’ai eu la chance chaque été, ou bien lors de voyages scolaires, d’explorer différentes destinations : le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Tunisie, le Sri Lanka et puis après mes études New York et d’autres encore. Je pense donc que j’ai bénéficié d’un terrain favorable à la mouvance et à l’exploration. A cet égard, j’explique ici pourquoi le Mexique.

Quelques voyages...

Mais il y a une différence entre voyager et déménager. Si j’ai l’immense désir de continuer à explorer le monde, je commence à être sérieusement fatiguée de déménager tout le temps, de ne jamais avoir de vrai « chez moi » avec toutes mes affaires, mes livres et ma collection de tasses. Je suis fatiguée des gardes meubles et des cartons dans le garage de ma maman. A l’approche de mes 30 ans, je sens le besoin de créer un vrai chez moi, à mon image, et dans lequel je me sente bien, sans me dire que ce n’est que temporaire et que, à quoi bon investir, bientôt je déménagerai encore.

Ce week-end j’ai encore déménagé mais bien que je sois restée à Monterrey, je sens que je n’ai plus l’énergie d’avant. Il faut dire qu’après trois années où se sont ensuivis semestre d’études à l’étranger, fin de Master à Paris, emménagement au Mexique, mariages à Monterrey et dans ma capitale, puis une expérience professionnelle en entreprise pas très satisfaisante, j’ai bien le sentiment que ça commence à faire beaucoup. Serais-je en train de vieillir ? Sans nul doute et dans le fond ça ne me pose pas particulièrement problème. Un de mes amis est en pleine crise à l’idée de célébrer ses 30 ans cette année. Dans mon cas, je suis plutôt sereine. Je me sens parfois frustrée de ne pas avoir accompli et réalisé tout ce que je souhaite mais je sais aussi que je suis très (trop ?) exigeante avec moi-même. Alors…On vieillit et c’est tout simplement la vie ! Et forcément, en devenant plus mature, notre relation aux choses change. On ne perçoit plus et ne vit plus les événements de la même manière. Dans mon cas, je ne me sens pas moins dynamique et à vrai dire je ne pense pas que ça change de sitôt ! Je suis toujours autant animée comme une pile électrique : appelez-moi le lapin Duracell ! Mais je me sens las psychologiquement des déménagements constants. Je rêve d’un vrai chez moi.

Au fond, pourquoi Andy et moi venons-t-on de démanger ? L’idée majeure est de faire des économies. Nous avons le projet d’investir à Paris, alors forcément, cela demande quelques sacrifices. En deux ans, notre loyer, la maintenance de l’immeuble ainsi que le coût de l’électricité ont considérablement augmenté. Le taux annuel d’inflation au Mexique est très élevé. A titre d’exemple il était de 6,04% en 2017 quand celui de la France n’était qu’à 1,19%. L’inflation est forte mais les salaires n’augmentent pas. De plus, l’administration de l’immeuble avait au fil du temps changé le règlement en imposant toujours plus de restrictions (en particulier en ce qui concernait l’usage des parties communes), ce qui parfois nous laissait peu de marge. Cela mérite sûrement plus d’explications mais en une phrase, un groupe de voisins s’était allié à la personne de l’administration pour bénéficier de privilèges au détriment des autres locataires et ça, ça s’appelle corruption. Alors oui, nous avions des raisons pour déménager (bien que je me voyais déjà prendre le flambeau et batailler pour que justice soit faite dans l’immeuble). Mais même si je rationalise en me disant que c’est un super projet, je me sens quand même courbatue.

Je n’ai aucune raison de me plaindre. Le nouvel appartement est à seulement 5 minutes de l'ancien, tout neuf et très grand. En fait, je le trouve même trop grand. Au Mexique, comme aux Etats-Unis, les gens privilégient l’espace (bon, parce qu’ils en ont aussi). Là où j’étais avant, l’appartement mesurait 90 m2 balcon inclus et avait une chambre. Désormais, je suis dans 120 m2 et j’ai une chambre supplémentaire. Je n’ai certainement pas besoin de tant d’espace, mais tous les appartements que nous avons visité avec une chambre étaient chers (comme celui que nous occupions), étant dans des immeubles nouveaux de haut standing avec parties communes comprenant salle de sport, terrasse et piscine. Cela a bien-sûr un coût ! Nous avons vu quelques lieux plus simples mais dans des zones géographiques de la ville qui ne nous convenaient pas ou alors qui n’étaient pas en bon état. Désormais je n’ai plus aucune partie commune (où je travaillais la plupart du temps) mais j’ai plus d’espace et le loyer est plus accessible.

Avant...

Maintenant...

Si je suis totalement honnête, je n’avais pas envie de déménager. Il est toujours sécurisant et stabilisant de savoir que l’on a un chez soi et alors que je commençais à me sentit enfin « à la maison » après un emménagement difficile au Mexique et des repères compliqués à trouver, voilà qu’il me faut encore bouger ! Quand j’ai emménagé à Monterrey il y a de ça 1 an et 8 mois, mon 30 m2 parisien me manquait. J’ai mis du temps à me construire dans l’appartement où j’ai rejoint Andy et aujourd’hui, il me coûte de l’avoir quitté, tel qu’il coûte à une personne âgée de voir ses habitudes bousculées. De plus, il se passe toujours un phénomène étrange dans le déménagement : en ayant la nostalgie de notre ancien domicile, on a tendance à « magnifier » la réalité, on déforme. On en vient même à regretter les défauts qui nous gênaient tant auparavant : l’absence de double vitrage, la distribution des pièces qui n’était pas si fonctionnelle que ça, le dressing qui était trop petit, la peinture rouge qu’on trouvait trop agressive, les bruits du voisin…

En définitive, tout cela est très matériel. La maison, le chez soi, c’est sûrement et simplement où le cœur se trouve. Mais dans ma situation, les choses sont un peu plus compliquées que ça. Mon cœur à moi est divisé entre deux pays, ce qui est un sentiment typique de l’expatriation. Il y a deux Hélène : celle qui s’est mariée avec un mexicain et vit au Mexique, et celle française qui a laissé une part d’elle-même derrière elle avec sa famille, ses amis, ses livres et sa collection de tasses dans des boîtes en carton. D’habitude, j’ai toujours des plans d’attaque pour faire face à quelconque situation. Mais curieusement, aujourd’hui, je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre pour m’adapter à ce nouveau changement et retrouver un équilibre qui me manque. Je n’ai aucun plan. Mais je n’ai pas non plus envie de me laisser porter car ça ne colle pas vraiment à ma personnalité : je suis plutôt de ceux qui agissent. Je pense donc que je vais me concentrer sur ce qui m’est essentiel, les projets en cours et les objectifs que je me suis fixée : animer avec toujours plus de passion le blog, continuer l’écriture de mon livre, préparer mes classes de français, continuer à courir, planifier mon opération orthopédique du pied (sinon bientôt, je ne pourrais définitivement plus courir !), suivre le chemin que je me suis tracée. Le reste viendra ensuite.

Et vous, avez-vous souvent déménagé? Que pensez-vous des déménagements? Etes-vous vous-même expatrié? N'hésitez pas à réagir et à commenter ci-dessous.

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